E-auction 152-90482 - bpv_153774 - GORDIANO III Tétradrachme syro-phénicien

Ce buste militaire particulièrement exceptionnel présente quelques caractéristiques étonnantes et surtout une grande précision dans les détails.
Réglons tout de suite la question de la taille de la main de l’empereur, disproportionnée et trop petite par rapport à la tête : il ne s’agit pas d’une mauvaise gravure mais d’une convention qui attribue souvent aux objets représentés une surface en fonction de leur importance. Sur le rarissime tétradrachme de Gordien à l’Adventus (avec la main levée à gauche, inédit au Prieur, référence nouvelle Prieur 286D), la main est en proportion du visage car son rôle est essentiel dans la scène. Sur notre exemplaire, le visage de l’empereur et l’ensemble des attributs sont les éléments importants, la main a donc été réduite en conséquence.
Le bouclier est manifestement renforcé sur les bords par une bande, probablement métallique, et est décoré d’une large tête de Méduse aux serpents-cheveux dressés.
L’équipement militaire est précis et bien gravé mais le point le plus intéressant est ce que tient l’empereur. Contrairement à ce qui est noté dans le Prieur, il ne s’agit pas d’une lance. L’examen des exemplaires photographiés (tous assez mal conservés, ce type ne présente pas d’exemplaires superbes) ne laisse pas place au doute, il ne s’agit pas d’une lance mais d’un bâton. On peut en déduire que le jeune âge de l’empereur (19 ans à sa mort l’année suivante) et son manque de formation militaire (famille sénatoriale de province, forte influence maternelle et cour d’ennuques...) lui a fait préférer d’éviter de pousser l’accoutrement militaire jusqu’à porter une arme mais un simple baton (de commandement ?).
Curieusement, chez Gordien, les bustes à attributs militaires prédominants sont tous des bustes à gauche et souvent des bustes radiés.
La caractéristique principale de la deuxième émission est la disparition du SC à l’exergue du revers et son remplacement par un bélier (Aries) dans une position bien particulière (regardant vers l’arrière) sous un croissant de lune pointes en haut. Compte tenu de la position sur la monnaie en remplacement du SC et à l’endroit où, vingt-cinq ans auparavant les tétradrachmes de Sévères portaient les armes des villes, on peut être pratiquement certain que ce bélier désigne la ville d’Antioche. L’interprétation usuelle n’est pas très convaincante (la Lune dans le Bélier serait la position astronomique au moment de la fondation de la ville) mais faute de mieux, elle est possible. On trouve dans de nombreuses villes de la région des rappels de diverses constellations qui auraient présidé aux fondations.
Il faut néanmoins noter que, dans ce cas, le financement des émissions ne serait plus explicitement “approuvé par le Sénat” (SC) comme la première émission et comme les frappes de Philippe qui suivront. Pourquoi ? Pas d’explication, sauf peut-être un financement par le Trésor Militaire : les frappes de Gordien étant liées à la Guerre parthique, il est plausible que la ville n’ait rien financé.
On note que les sigma sont gravés en C.
Dans la base TSP maintenue par Michel Prieur, vingt-six exemplaires sont maintenant répertoriés. Les seuls musées à disposer d’un exemplaire sont Londres (entré en 1989), Berlin (ex vente Cahn octobre 1931), Yale, Princeton, Gaziantep et Jerusalem.